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 Manif pour tous du 26 mai 2013: la traque policière

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H.N.
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H.N.


Messages : 959
Date d'inscription : 12/10/2010

Manif pour tous du 26 mai 2013: la traque policière Empty
MessageSujet: Manif pour tous du 26 mai 2013: la traque policière   Manif pour tous du 26 mai 2013: la traque policière EmptyMer 29 Mai - 0:59

Je reproduis ci-dessous le témoignage d'un manifestant qui a participé à la Manif pour tous de dimanche dernier en résistant aux consignes de dispersion. Certains propos peuvent choquer et tomber sous le coup de la loi, mais je préfère livrer son témoignage brut pour coller à la réalité subjective de ce qu'il a vécu:


Citation :
Après dîner (vers 21h), je rejoins la manifestation in extremis, alors que le service d'ordre commence à fermer l'accès avec des barrières. L'esplanade des Invalides est encadrée par des dizaines d'escadrons de CRS. Sur l'esplanade, il ne reste que quelques groupes compacts et des électrons libres; les CRS et policiers avec brassard pullulent littéralement au milieu des manifestants ou de part et d'autre des groupes compacts. Les CRS font des manœuvres pour évacuer les manifestants debout (pas ceux qui prient assis). Ils commencent par scinder les manifestants en deux en formant une ligne au milieu de la place (sur l'axe de la rue de l'Université ou St Dominique). Puis d'autres groupes mobiles chargent les manifestants pour les pousser vers les sorties.

(Je note que les manifestants résistant à la dispersion sont passés d'une posture offensive - où ils se groupaient pour attaquer les barrages de CRS - à une posture défensive, où ils tentent de résister aux assauts des CRS en restant groupés, en reculant le moins possible et en tenant le pavé: chaque mouvement de fuite est contrôlé et suivi par un reflux.)

Je rejoins un groupe de manifestants avec un noyau dur compact qui résiste aux assauts des CRS dans la rue Fabert. Une dispute éclate car un des manifestants n'aime pas entendre les CRS se faire traiter de "Gestapo", car "on n'est pas des gauchistes". Les protagonistes sont calmés par l'entourage. Sous les jets de grenades lacrymogènes et les charges de CRS, nous reculons jusqu'à l'angle de la rue St Dominique. Une énième charge nous expulse complètement des Invalides et nous pousse jusque dans la rue St Dominique. Les CRS bloquent alors l'accès aux Invalides. Nous revenons sur le boulevard de la Tour Mabourg et nous regroupons avec d'autres manifestants expulsés des Invalides. Certains commencent à déraciner des barrières pour les jeter sur le sol et former des barricades. Je me rue pour les aider mais un petit Maghrébin qui semble venir du café voisin tente de nous en empêcher: "arrêtez, j'habite dans le coin". Je vais le voir:
- J'habite ici, tu es d'où toi?
- Je suis de l'Oise mon frère.
Je comprends qu'il est louche, peut-être un civil. La haine m'envahit, je le dénonce en criant aux manifestants de mon entourage. Certains croient qu'il travaille dans le café. Voyant mon regard et la façon dont je le dénonce, le bougnoule tente de m'attirer vers le café:
- Hé toi, viens par là.
- Non, viens toi!
Surexcité, je l'enjoins à revenir parmi les manifestants pour qu'on puisse en découdre. Mousqueton au poing, je n'ai qu'une seule envie: ratonner ce sale bougnoule flic. Mais le bougnoule est rusé: les CRS sont juste derrière. Tandis qu'il se replie dans le café, les CRS chargent à nouveau pour nous empêcher de former des barricades. Ce petit jeu (charge, puis formation de barricades improvisées) se poursuit jusqu'à l'angle de l'avenue de la Motte-Picquet Grenelle. À un moment donné je fais face à la lignée de CRS et je hurle toute ma haine, évoquant leur collègue militaire blessé au cou par un islamiste.

Les CRS ne nous suivent pas dans l'avenue de la Motte-Picquet Grenelle. Nous continuons à balancer des barrières et des poubelles au milieu de la route pour ralentir leur progression. Puis nous décidons de bouger jusqu'à la Motte-Picquet. Je suis complètement grisé, je n'ai jamais vécu un tel évènement de ma vie. Au passage, je croise un fils de député PS que j'ai connu au lycée, qui s'éloigne l'air apeuré. Nous sommes assez nombreux, peut-être une centaine; essentiellement des jeunes hommes et des jeunes femmes, avec quelques manifestants plus vieux et aguerris. Nous sommes assez nombreux pour bloquer la circulation sur l'avenue. Nous gueulons des slogans: "Taubira, casse-toi, ta loi on en veut pas", "on est chez nous", "dictature socialiste (maçonnique)", "Hollande démission". Une connasse en coupé essaye de passer parmi nous. Nous essayons de la stopper. Elle s'excite et manque de renverser un camarade. Nous la coursons et je hurle pour appeler à son lynchage. Mais les manifestants veulent calmer le jeu et la laisser passer, car "on n'est pas des racailles". J'aurais pourtant bien aimé ouvrir la portière et lui apprendre la politesse, pour venger tous les Parisiens honnêtes qui subissent la grossièreté et l'agressivité des "gens pressés".

Une fois à la Motte-Picquet Grenelle, nous continuons à gueuler nos slogans et à chanter la Marseillaise. Sur le moment je suis convaincu que quelque chose est en train de se passer. Quand nous passons dans la rue, certaines voitures nous saluent et manifestent leur soutien. Quelques vieilles bourges hystériques protestent du haut de leur balcon en vidant une dérisoire bouteille d'eau. Mais nous ne savons pas où aller. Nous suivons le boulevard de Grenelle jusqu'au pont Bir Hakeim. Sur le chemin, je vois des manifestants interpeller un journaliste caméra au poing qui fait partie de nos rangs. Nous lui interdisons de filmer. Je l'interroge brutalement: il dit s'appeler Mathieu Flamand et travailler pour LCI et M6. Je me défoule littéralement sur lui de toute la haine que m'inspirent son métier de pute capitaliste et les médias aux ordres. Connaissant son métier de petite salope, il me demande s'il y a des fascistes parmi nous. J'essaye de le surveiller.

Une fois arrivés à Bir Hakeim, des premiers éléments de division se font ressentir. Certains ne veulent pas traverser le pont, craignant d'être cernés par les deux issues. D'autres veulent aller au Trocadéro et c'est leur choix qui l'emporte. Sur le chemin notre cortège est assez épars; nous réalisons rapidement que nous ne sommes plus très nombreux: entre une trentaine et une cinquantaine. En passant, quelques concierges protestent contre des poubelles renversées: un camarade leur répond et finit par les insulter. "Enculés de Portuguais" me glisse-t-il. Un peu plus tard, un autre camarade maugrée en entendant un Noir imiter nos slogans; je lui fais une remarque ironique à laquelle il répond: "je suis français, moi". Le racisme de mes camarades est honteux, mal assumé: ils savent qu'ils enfreignent la loi et ce qu'ils risquent. D'autre part, la parano d'être infiltrés par des civils est omniprésente - et réaliste, puisque certains d'entre nous ont donné une fausse alerte juste avant la dispersion finale.

Ayant éteint mon portable et ôté batterie et puce pour éviter d'être repéré, je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. Je le rallume mais l'heure n'est pas la bonne. Un camarade estime qu'il est autour de minuit.

Arrivés au Trocadéro, nous ne sommes plus qu'une trentaine, rejoints par quelques petits groupes sporadiques. Découragés, désorganisés, nous songeons à rentrer chacun chez soi. Certains évoquent le totalitarisme que nous subissons, l'idée d'un baroud d'honneur, ou leur fatigue physique. Il y a plusieurs filles parmi nous; l'une d'elle propose l'idée de tous nous embrasser les uns les autres, ce qui fait sourire. Nous savons que les flics nous traquent et qu'ils vont nous trouver dans les minutes qui viennent. Cela ne tarde guère. Nous voyons en bas du Trocadéro une dizaine de cars de CRS s'arrêter. J'ironise: "ça fait presque un car pour chacun d'entre nous". Les cars sont bel et bien venus pour nous. Un peu plus tard, des voitures de flics banalisées débarquent. Les flics montent et nous courons en montant dans les jardins pour leur échapper. C'est comme jouer à chat, sauf que celui ou celle qui se fait attraper finit au poste. Le cœur battant la chamade, je fuis dans l'obscurité, traversant une pelouse au milieu d'arbustes. Débandade totale: j'ai l'impression d'avoir des flics à mes trousses à quelques mètres derrière moi, et qu'ils vont me fondre dessus à coups de matraque pour m'embarquer en se servant du masque de ski dans mon sac (dont je pense à me débarrasser pour "éliminer les preuves") comme indice d'émeutier. Ayant déjà un procès en cours, je ne veux surtout pas prendre ce risque.

Je rejoins les derniers camarades à la station Trocadéro. Cette fois c'est bel et bien fini, tout le monde l'a compris. Je salue mes camarades en disant que c'était un plaisir de manifester avec eux. Il est une heure du matin, je prends le métro pour rentrer.
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