Sans arme, ni haine, ni violence
Jean-Paul Rouve, 2008
Très bonne fiction basée sur le personnage d'Albert Spaggiari (pour ceux qui ne connaissent pas, un baroudeur d'ultra-droite ayant cambriolé plus de 50 millions de francs à la Société Générale en passant par les égouts).
Tous les acteurs jouent très bien et la réalisation est au poil. Pour une fois qu'un film français ne fait pas penser à un téléfilm du samedi soir (cf Bienvenue chez les Ch'tis), il faut le souligner.
Sans arme, ni haine, ni violence n'a pas vraiment la prétention d'un film de gangster, mais il arrive à maintenir un suspense du début à la fin en ménageant ses surprises. Bien que le film prenne quelques libertés avec la véritable biographie de Spaggiari, on lui pardonne aisément car il se sert de ces éléments de fiction pour bâtir des enjeux intéressants. On peut applaudir la finesse du scénario et des dialogues qui, tout en présentant discrètement la dimension politisée du personnage, ne sombrent jamais dans la caricature (à l'inverse du diptyque sur Mesrine de J.F. Richet). Quelques scènes franchement drôles, d'autres plus émouvantes, bref j'ai été touché en tant que spectateur.
Grâce au film, je me suis intéressé à l'histoire d'Albert Spaggiari. Son parcours ressemble légèrement à celui de Jacques Mesrine (engagement dans l'armée française, proximité avec l'OAS...), mais son engagement politique - présenté comme radical - est beaucoup plus mis en avant. J'ai pourtant du mal à y cerner une cohérence idéologique, à part un anticommunisme primaire qui a amené Spaggiari à tisser des liens troubles avec la CIA et certains régimes sud-américains. Comme Mesrine, j'ai l'impression que l'idéalisme pur et dur laisse plutôt place à l'appât du gain et à la soif de célébrité (et de champagne)...
Pour revenir au film de Jean-Paul Rouve, ce n'est pas une œuvre à charge comme peut l'être le Carlos d'Olivier Assayas, par exemple. Étonnant quand on connaît les positions de J.P. Rouve, mais bref.
PS: le véritable mot laissé par Spaggiari dans la salle des coffres cambriolée était: "Ni armes ni violence, et sans haine".