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 Du poids des mots en démocratie

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H.N.
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H.N.


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Date d'inscription : 12/10/2010

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MessageSujet: Du poids des mots en démocratie   Du poids des mots en démocratie EmptyJeu 22 Oct - 0:12

Du poids des mots en démocratie


Il faut faire attention à l'importance que l'on attache aux mots.

Plus on attache d'importance au poids d'un mot, moins on attache d'importance à son sens réel et à son contexte.

Du point de vue linguistique, le sens d'un mot varie selon la région, le milieu ou la période où il est utilisé. La langue est en perpétuelle évolution et un même mot peut acquérir de nouvelles nuances en quelques années ou en fonction du groupe de personnes qui l'utilise.

Il faut donc toujours garder à l'esprit que le mot n'est qu'un outil pour traduire une pensée, un outil limité dans le temps et dans l'espace. Donc relativiser le poids des mots et l'importance de choisir tel mot plutôt que tel autre, l'essentiel étant d'exprimer la même idée.

Aujourd'hui, les conditions politiques de la société démocratique font qu'on accorde une importance disproportionnée à l'emploi des mots, pour des raisons que je vais expliquer. La démocratie est un spectacle où les vraies décisions sont prises dans l'ombre pendant que les hommes politiques jouent un rôle comme des acteurs. Les médias servent de relais à ce spectacle. La communication (au sens devenu professionnel du terme) est primordiale pour ces acteurs puisque leur métier est de choisir les bons mots et les bonnes formules pour se faire élire / réélire / rester populaires dans les sondages. Les hommes politiques professionnels ne sont plus des décisionnaires, mais des communicants et des acteurs qui doivent rivaliser de démagogie. Évidemment, dans ce contexte, la vérité brute et sans fard n'est jamais bonne à dire. Certains mots, thèmes et sujets font donc l'objet d'une tabouïsation - dont la transgression suscite de vives réactions et des sanctions diverses (censure, rejet, exclusion, procès). Paradoxalement, la carrière de Jean-Marie Le Pen s'est partiellement construite sur ses sorties sur les Juifs, la race blanche, les chambres à gaz etc, mais quand on demande aux Français modérés de faire le bilan de sa vie politique, ils ne retiennent négativement que ces sorties sacrilèges: en somme, ils plébiscitent le mensonge démocratique en considérant le briseur de tabou comme un mauvais homme politique, voire comme un perdant.

Aussi médiocre soit cette vision du monde, difficile de lui nier une certaine perspicacité. Car en effet, dans la pratique, les hommes politiques qui obtiennent le plus de succès sont ceux qui manient les mots avec le plus d'habileté, sans qu'on retienne quoi que ce soit de leur bilan politique concret.

J'en conclus donc la chose suivante: ceux qui accordent de l'importance au choix des mots (sous prétexte de ne pas heurter la sensibilité d'autrui) sont les partisans de la démocratie, du mensonge, du sophisme, donc in fine de l'oppression des honnêtes gens par les manipulateurs.

Malheureusement, le pédagogue du XXIème siècle, s'il ne veut pas prêcher dans le désert, est obligé de s'adapter à la mascarade démocratique, obligé de s'abaisser à parler comme un homme politique/acteur/sophiste pour pouvoir communiquer avec autrui normalement. Pour parler en termes démocratiques: le libéralisme est totalitaire puisqu'il implique un contrôle total du langage.

Le pédagogue peut s'aventurer à jouer la carte de la franchise, mais voilà ce qu'il risque: de choquer ses interlocuteurs à un tel point qu'ils vont se sentir agressés, victimes d'une violence verbale, à laquelle ils vont éventuellement vouloir répondre par le rejet, ou une violence verbale voire physique d'intensité égale à ce qu'ils ressentent (une intensité aussi élevée que leur degré d'endoctrinement, de lavage de cerveau démocratique). Dans ces conditions, le dialogue, l'échange d'idées, la compréhension mutuelle ne sont pas possibles. Objectif atteint - pour le régime démocratique, pas pour le pédagogue.

Le pédagogue doit donc s'improviser sophiste, passer par les voies sinueuses du mensonge et de la dissimulation pour prêcher la vérité... Gare à ne pas se perdre en chemin!

Pragmatisme obligé, le cynisme et la ruse ne sont - comme les mots - que des outils, des moyens pour délivrer un message. La violence en sera un autre, probablement plus efficace, quand l'emprise du libéralisme s'affaiblira et sera moins totale.

Pour illustrer mon article par un exemple, je terminerai sur le terme "totalitaire", qui n'est dans le fond qu'un croque-mitaine sémantique, un anathème du même tonneau que les termes "fasciste", "raciste", "nazi" etc. Je l'emploie volontiers pour qualifier le régime libéral/démocratique/capitaliste (dont l'emprise sur nos vies et nos sens est effectivement totale), mais ce procédé me répugne, je n'y suis contraint qu'à cause des conditions que je décris dans les paragraphes ci-dessus. Si nous ne vivions pas dans une société de mensonge, je ne serais pas en train d'employer des anathèmes: le simple fait d'évoquer le libéralisme inspirerait des nausées et des envies de meurtre aux gens honnêtes, tout comme aujourd'hui la monarchie de l'Ancien régime inspire de la répugnance aux zombies occidentaux lobotomisés par les valeurs bourgeoises.


En résumé:
Celui qui choisit bien ses mots est un menteur et un manipulateur. Celui qui bafouille et exprime ses pensées comme elles viennent est franc mais maladroit. Il faut donc être un peu manipulateur pour exprimer un message favorable à la propagation de la vérité de façon adroite et efficace. Ce procédé n'est recommandable que dans un contexte dans lequel le recours à la contrainte physique ou matérielle n'est pas accessible.
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