Bullhead
Michaël R. Roskam, 2011
Film sombre qui rappelle un Seul contre tous de Gaspard Noé, Bullhead se veut une plongée réaliste et sordide au cœur de la Belgique rurale. Le film se base sur quelques bonnes idées, malheureusement assez mal exploitées.Tout d'abord, le doublage en français est catastrophique et mutile même les dialogues d'une scène où certains personnages sont censés dialoguer en flamand sans être compris par les francophones. Ensuite, les mouvements/effets de caméra (zoom, ralenti, 360°) évoquent les expérimentations d'un stagiaire. Les dialogues - souvent trop énigmatiques pour être crédibles - accentuent la médiocrité des acteurs secondaires et donnent à Bullhead une allure de téléfilm policier de fin de soirée (qui passe après 22h30 ou à minuit à cause des scènes violentes/explicites).
Le film se veut pourtant ambitieux mais il gère mal les flashbacks, les transitions et les rebondissements: en effet, les quelques scènes dont l'enjeu suscite des émotions chez le spectateur sont globalement ratées, à quelques exceptions près. Difficile de suivre l'histoire de près tant le film suscite plus l'ennui que l'immersion. On s'amuse pourtant à prévoir les actions des personnages sans prendre le risque de se tromper. (Le scénario ne repose de toute façon que sur deux rebondissements principaux, placés à chaque tiers du film. Le final se présente comme une apothéose, mais ne résout nullement les problématiques développées par le scénario).
Je n'ai guère envie de dresser la liste des défauts de la réalisation de Bullhead, mais il n'y a pratiquement aucune ressemblance entre les personnages enfants et adultes (censés incarner les mêmes personnes à 20 ans d'intervalle). Cela ne facilite pas la compréhension de l'intrigue. Le film se paye en plus le luxe de placer ça et là quelques blagounettes incongrues qui tombent comme un cheveu sur la soupe.
J'ai presque envie de me plaindre que Bullhead ne soit pas un nanard absolu, car il m'aurait plus distrait et moins déprimé. Mais non, c'est juste un film d'amateur qui souffre d'une réalisation trop brouillonne et de dialogues trop apathiques. Un léger remaniement du scénario et une mise en scène plus sérieuse auraient peut-être permis de limiter la casse - du moins si Bullhead s'était cantonné à la catégorie du polar noir sur fond d'exclusion sociale.
Note: 2/5
PS: le film est moins pire à regarder en version originale flamande