Case Départ

Case Départ
N. Steketee, F. Éboué, T. N'jigol, 2011


Le film démarre plutôt bien avec le personnage joué par Éboué, dont le profil proche de Pascal Légitimus dans Les 3 Frères prête franchement à rire. En revanche, dès le départ, on voit que le personnage de Thomas J'wigol est beaucoup plus caricatural et lourdingue. Le concept de comparer deux frères antillais, dont l'un a mieux réussi que l'autre parce qu'il a la peau plus claire, aurait pu être intéressant, mais le film se vautre dès les premières minutes dans un humour bas de gamme qui se veut dénonciateur, mais ne fait que révéler la bêtise et la bassesse des deux acteurs-réalisateurs. Quelques blagues racistes sont drôles au premier degré; c'est-à-dire que quand Éboué et J'wigol font dire à leurs personnages des propos racistes pour dénoncer le racisme, je rigole de bon cœur, car ils ne se rendent même pas compte qu'ils s'auto-caricaturent en parlant au nom de la communauté noire. Il y a une part d'auto-caricature consciente, certes, mais je vais m'expliquer: la meilleure façon de démontrer que les Noirs sont vénaux et matérialistes, c'est de montrer ce film réalisé par un Noir et un métis sur la souffrance de leurs ancêtres pour se faire du fric. CQFD.

Il me serait difficile d'affirmer que Fabrice Éboué joue mieux que Thomas J'wigol, tant le niveau des deux acteurs est minable et peu travaillé. Disons plutôt que le personnage d'Éboué est un peu moins lourdingue.
L'intrigue fantastico-historique, qui était censée servir de cadre pour illustrer l'opposition entre le métis intégré et le Noir de banlieue, se mue très rapidement en carnaval grotesque où les pires clichés sont énoncés sous prétexte d'être dénoncés. Qu'ils soient blancs ou noirs, les personnages sont tous plus caricaturaux les uns que les autres, mais ne servent de toute façon à rien d'autre qu'à jouer les faire-valoir pour le duo comique (pas si comique que ça dans ce film).

Case Départ est un film raté à pratiquement tous les niveaux: dialogues, jeu des acteurs, scénario, rythme... Le seul aspect que je pourrais citer pour sauver le film serait la relative exactitude de la reconstitution historique (costumes, décors...)... Quoique non, le langage et les attitudes du 18ème siècle ne sont pas crédibles. En fait il est impossible de sauver ce film qui se veut communautaire, mais s'apparente en réalité à une mauvaise comédie franchouillarde grimée au charbon à la Black Mic Mac et consorts, menée par deux bouffons médiatiques peu talentueux - dont la popularité est déjà en perte de vitesse. Le triste destin de Case Départ est de finir par tourner en boucle dans la programmation de RTL9 ou d'autres chaînes spécialisées en nanards.


PS: je viens de me renseigner sur Lionel Steketee, le co-réalisateur. Il a également participé à la réalisation de Fatal de Mickaël Youn. Tout s'explique...