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 Minority Report (2002)

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H.N.
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H.N.


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Date d'inscription : 12/10/2010

Minority Report (2002) Empty
MessageSujet: Minority Report (2002)   Minority Report (2002) EmptyMar 26 Mai - 1:48

Minority Report
Steven Spielberg, 2002


Comment se fait-il qu'un film sorte avec un titre traduit en français au Québec et pas chez nous? Comment se fait-il que Minority Report ne soit  pas sorti sous le titre "Rapport minoritaire" (également le titre de l'œuvre originale de l'auteur de science-fiction Philip K. Dick) en France? Les Français seraient-ils des merdes américanisées? (Réponse: oui)

Mais venons-en au film lui-même. Le scénario de Minority Report ressuscite le mythe d'Oedipe et la légende des oracles. Il propose une réflexion sur l'idée de destin tout tracé et sur la prévention/répression de la criminalité: le futur étant prévisible, on peut empêcher les meurtres de se produire et mettre les pré-criminels sur le point de passer à l'acte hors d'état de nuire.

Malgré son esthétique très digitalo-artificielle (bon nombre de scènes graphiquement retouchées), Minority Report contient pourtant beaucoup d'éléments assimilables à une dénonciation de l'évolution technologico-totalitaire de notre société occidentale. En effet, plusieurs éléments imaginés dans un futur fictif sont comparables à des outils existant aujourd'hui:
- le flashage oculaire rappelle les smartphones et leur géopositionnement par satellite permanent
- les publicités individuellement ciblées sont une réalité sur internet (cf les cookies qui enregistrent nos pérégrinations et transfèrent les données aux sites commerciaux, qui adaptent leurs fenêtres pop-up publicitaires en fonction de notre consommation)
- les journaux aux images animées trouvent leur équivalent dans les tablettes informatiques
- les voitures à pilote automatique sont déjà technologiquement accessibles à la production, mais impossibles à commercialiser pour des raisons juridiques (responsabilité, assurance)
- la drogue fictive "neuroïne", par ses effets oniriques et narcotiques, rappelle les opiacés, notamment l'héroïne

Ce film de science-fiction qui se déroule dans un futur assez proche ne manque pas de références à l'Antiquité classique:
- les précogs (sortes d'oracles qui prévoient les crimes à venir) sont au nombre de trois, comme les Parques
- l'oracle la plus douée du trio est une femme, comme la Pythie
- à l'instar d'Oedipe, le héros John Anderton se voit prédire un avenir de meurtrier qu'il fait tout pour éviter, sans succès.

Malgré sa mise en scène très hollywoodienne, Minority Report offre donc au spectateur un dépaysement futuriste satisfaisant (décors industriels, froids, cliniques et parallélépipédiques; technologies imaginaires spectaculaires, comme le sickstick/vomitrique, le jetpack, le flashage optique), tout en lui proposant une intrigue tragique (un homme au passé douloureux qui veut empêcher une prédiction de se réaliser en enquêtant à la fois sur le passé et le futur) et une lecture critique de la société de consommation hyper-technologisée. Le film remplit assez bien ses objectifs durant une heure et demie (soit la durée normale d'un film), jusqu'à la scène - qui aurait dû être finale - où Anderton retrouve sa future victime. Quelle que soit l'issue de cette scène, qui confronte la fatalité et le choix individuel, le film aurait pu être intégralement bon s'il se terminait là-dessus. Le dilemme de cette scène fait penser au film Seven de Fincher, dont tout le monde connaît la fin cruelle (à la fois dénouement, exécution du criminel et accomplissement de la prédiction). Malheureusement, Minority Report n'est pas un film de Fincher de 90 minutes, mais un film de Spielberg de 145 minutes. Tout ce qui suit après cette scène, sans être fondamentalement chiant ni gâcher totalement le plaisir de la distraction, sombre dans le rebondissement spectaculaire de polar de série Z (conclu par une fin heureuse bien débile à l'amerloque), et présente conséquemment un intérêt très limité - tellement limité, que je n'en parlerai même pas.

Honnêtement, à ce stade de la chronique, je m'apprête à accuser Spielberg d'avoir honteusement enjuivé une œuvre de science-fiction géniale et complexe pour en faire un blockbuster commercial. Je m'apprête à faire cela parce que je viens de lire le résumé de la nouvelle originale intitulée The Minority Report de Philip K. Dick, dont le scénario du film de Spielberg n'est pas une adaptation, mais une pure trahison. La fin n'est pas du tout respectée; les enjeux de réflexion soulevés par la nouvelle de K. Dick sont clairement détournés et neutralisés par la spielbergisation. Au lieu de dénoncer l'invasion publicitaire hyper-technologisée, le film offre un boulevard aux marques (ou dirons-nous sponsors?) qui apparaissent à l'écran. Classique détournement capitaliste de la critique du capitalisme.

Pourquoi accuser Monsieur "Montagne de jeu", me dira-t-on? C'est vrai qu'il n'a peut-être pas participé à l'écriture du scénario. Qui sont donc les scénaristes? Un certain Scott Frank et un certain Jon Cohen. OK, tout s'explique. "Encore des Norvégiens", comme disent les cyberfafs. Ceci dit, le fait de traquer les patronymes pas très catholiques relève d'une certaine paresse intellectuelle de ma part et je plaide coupable. Kubrick a largement prouvé qu'un cinéaste pouvait être juif et réaliser des films intelligents, forts, subversifs et mondialement renommés en dehors du formatage politiquement correct. Donc je vais clore ma digression sur ce conseil: lisez la nouvelle originale de Philip K. Dick.


Meilleure citation extraite du film:
"On ne choisit pas ce en quoi on croit. C'est ce en quoi on croit qui nous choisit"




Nota bene:
Il est assez surprenant de constater à quel point certains auteurs de science-fiction anglo-saxons (Orwell, P. K. Dick) avaient prévu l'évolution totalitaire des démocraties occidentales dans les années 40 et 50, à quel point leurs œuvres ont toujours autant de succès et de diffusion, mais à quel point le fond de leur message reste soit incompris, soit méconnu, soit détourné (par des Norvégiens... euh, par des partisans du libéralisme [non je ne suis pas antisémite!] {bande de sales protestants!}).
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Minority Report (2002)
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