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 Argo (2012)

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H.N.
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H.N.


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Date d'inscription : 12/10/2010

Argo (2012) Empty
MessageSujet: Argo (2012)   Argo (2012) EmptyJeu 21 Mai - 0:44

Argo
Ben Affleck, 2012


Ben Affleck ne se contente plus d'être un bellâtre/sex symbol qui fait fantasmer l'Américaine moyenne; Ben Affleck se targue désormais de faire du cinéma en tant que réalisateur. Et pas n'importe quel cinéma: du documentaire-fiction historico-géopolitique. En l'occurence, Argo retrace l'histoire d'une bande d'Américains réfugiés à l'ambassade du Canada en Iran pendant la prise d'otages de l'ambassade américaine à Téhéran en 1979, qui se font passer pour une équipe de tournage pour quitter le territoire vivants et entiers.

Alors certes, la reconstitution de l'assaut de l'ambassade américaine à Téhéran par les manifestants pro-Khomeiny est franchement réussie et communique bien l'angoisse qu'ont dû ressentir les gens coincés à ce moment-là. A mon grand regret, cette reconstitution ne constitue que l'introduction du film, dont la suite est exclusivement centrée sur le sort des 6 Américains qui réussissent à fuir pour se réfugier dans l'ambassade du Canada. On ne saura absolument pas au cours du film ce que deviennent les 50 otages de l'ambassade américaine. Ben Affleck préfère se concentrer sur l'intrigue de son personnage, agent secret qui doit se ramener en territoire barbare pour sauver les 6 innocents en leur apprenant à se faire passer pour des cinéastes. On ne peut pas nier que l'idée du scénario soit intéressante et propose pas mal d'enjeux cinématographiques (et non politiques au sens strict du terme): quand l'acteur-cinéaste fait un film sur sa propre profession, cela lui donne l'occasion de prendre du recul et de soulever certaines questions. Question principale: est-il facile de s'improviser acteur (notamment quand sa propre vie est en jeu)? Question subsidiaire: est-il facile de faire semblant de tourner un film imaginaire en s'appuyant sur des éléments concrets (script, scénario, photos, conférence de presse)?

Malheureusement ces questions sont vite traitées par dessus la jambe par des réponses affirmatives: oui, il suffit du soutien d'un producteur riche et gentil qui connaît bien Hollywood et qui va dépenser sans compter pour soutenir la cause des droits de l'homme des 6 Américains clandestinement réfugiés dont la liberté est menacée par les méchants islamistes barbus qui crient tout le temps. Ils crient tout le temps car ils sont fanatiques, théocratiques, illuminés et barbares (mais quand-même, ils sont énervés parce que le shah avait pratiqué la torture). En plus ils parlent à peine anglais! Ils sont barbus, vêtus d'uniformes, tout le temps en colère et en plus ils parlent farsi. Bref, c'est vraiment des islamistes.

Je ne vais pas nier non plus que la reconstitution du contexte historique des évènements est assez crédible et qu'on se croirait bien en Iran et en 1979 quand on regarde le film: le look lunettes à montures épaisses, moustaches tombantes, les fringues, les voitures, les décors etc. A part la scène où l'avion s'envole au dessus de Téhéran, qui ressemble clairement à une juxtaposition artificielle de 2 plans différents, je ne trouve rien à redire à l'esthétique globale du film.

Je serai par contre beaucoup moins laudatif à propos des mécanismes du film et des valeurs qu'il transmet, tant les deux sont grossièrement cousus de fil blanc et s'apparentent à de la propagande hollywoodienne pour servir les intérêts des industries militaires américaines. Argo s'inscrit dans la lignée des films patriotiques américains et ne brille ni par sa finesse, ni par son recul historique. Mais commençons par la construction du film, qui repose sur quelques mécanismes bien huilés qui sont répétés ad nauseam pendant deux heures:
- le recours à un homme providentiel qui a le pouvoir d'intervenir pour sauver des gens menacés - qui hésite, puis finit par intervenir (d'abord l'agent secret, puis le producteur, puis le responsable de la CIA)
- la traditionnelle blague-slogan, marque de fabrique du cinéma de masse - ici "Argo fuck yourself"
- la non moins traditionnelle scène de suspense, dans laquelle la tension augmente jusqu'à atteindre son maximum, puis débouche sur un dénouement heureux.

L'intégralité du film repose sur ces 3 mécanismes systématiques, sans jamais sortir de cette logique qui paraît dès lors pré-programmée. Le docu-fiction historico-géopolitique qui présentait une certaine mise en abîme artistique apparaît dès lors au spectateur critique que je suis comme un bête film de genre (drame/suspense, par extension thriller) à gros budget dont le contexte historico-géopolitique est interchangeable. Par exemple, l'intrigue aurait très bien pu se dérouler dans le contexte du 11 septembre, avec 6 personnes coincées dans un ascenseur du World Trade Center. Le contexte historico-géopolitique ne sert dès lors que de prétexte à la propagande impérialiste américano-sioniste, celle des élites qui déclenchent des guerres dans le monde entier depuis 70 ans au nom des "droits de l'homme", de la "liberté" et de la démocratie.

La façon dont sont décrits les militants/miliciens iraniens fidèles à l'ayatollah Khomeiny est particulièrement caricaturale, primaire et malsaine: barbus, patibulaires, surarmés, systématiquement agressifs, notamment envers la population locale, à côté de qui ils figurent presque comme des envahisseurs étrangers. (Tout cela pour nous faire oublier que les véritables envahisseurs étrangers au Moyen-Orient sont les Américains.) Ils crient à chaque fois qu'on les voit à l'écran, sans véritable raison, ils se comportent plus comme des bêtes et des monstres que comme des humains. Leur humanité est niée au profit de celle des otages occidentaux. La scène finale de l'aéroport est consternante de bêtise: d'abord l'interrogatoire musclé en farsi non-sous-titré (alors que les dialogues des Iraniens sont sous-titrés dans tout le film), puis le moustachu américain (celui qui flippait et faisait douter tout le monde sur la réussite de l'escapade) qui se met à répondre en farsi comme par miracle, et enfin la course-poursuite de l'avion par des jeeps militaires, bref on sombre dans le grand-guignolesque amerloque. Je n'oublie pas le magnifique détail pendant le vol en avion: "nous sommes sortis du territoire iranien, vous pouvez enfin consommer de l'alcool à nouveau". Hourra! Enfin libres! Heureusement que la population occidentale est intellectuellement abrutie pour gober de tels hameçons.

Je commence à en avoir marre de gloser sur ce film de propagande de merde qui mériterait d'être purement et simplement interdit, à défaut d'être brûlé dans un auto-dafé. Les historiens et ceux qui s'intéressent à la vérité historique pourront se référer à Wikipédia ou à d'autres sources plus fiables pour lister les mensonges, les déformations et les inexactitudes d'Argo. Les autorités iraniennes considèrent la merde de Ben Affleck comme une "falsification historique" et "un cas de dénigrement, d’atteinte à l’honneur et à la considération de l’Etat iranien et de sa population par les producteurs du film" - certainement à raison.

Vous voulez voir l'Amérique qu'on déteste, celle qui impose sa domination économique, militaire et culturelle au monde entier depuis 1945? Alors regardez Argo. Mais n'oubliez pas que les Américains sont, comme nous autres Européens, victimes du même système, du même lobby, de la même idéologie qui nous opprime tous.
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