Gehenna - First Spell

Gehenna - First Spell
Head Not Found, 1994


Excellent premier album des Norvégiens de Gehenna, avec une atmosphère magique et envoûtante. Le groupe possède sa propre identité et s'appuie sur des tempos moyens pour délivrer ses riffs traditionnels, d'un calme obsédant et austère (réminescents de la scène polonaise du Temple of Fullmoon), enrobés de touches de clavier et d'accords acoustiques folkisants. La façon de placer le clavier rappelle un peu le Dimmu Borgir à mi-chemin entre sa première période et sa période plus commerciale (époque Godless Savage Garden), mais la production et les compos de First Spell sont beaucoup plus authentiques.

Cet album est à la fois apaisant et ensorcelant. Il transporte l'auditeur dans une dimension parallèle fantastique, faite d'enchanteurs et de bêtes monstrueuses. Arrêtons-nous sur la magnifique pochette - représentant la silhouette d'un chevalier et de son écuyer sur fond crépusculaire - qui évoque le romantisme, le Moyen Age et la mélancolie. Réjouissons-nous que le noir et blanc façon film muet des années 1930 n'ait pas été troqué pour des teintes orangées et violettes comme la réédition de For All Tid (quelle idée maladroite)...

Les vocaux sont classiques et peu originaux, mais efficaces. Sans imiter les hurlements burzumesques ou les éructations d'Abbath, le vocaliste récite ses paroles (en anglais) comme des formules magiques, de façon calme et rituelle. La voix peut rappeler vaguement Nocturno Culto, mais elle est placée différemment. Gehenna ne fait définitivement pas partie des suiveurs de Darkthrone.

Contrairement à un Kvist de la même période qui recherche la frénésie rythmique et l'intensité mélodique, Gehenna se concentre plus sur l'atmosphère sur cet album. Le groupe ne cherche pas à sonner sombre à outrance et ne verse pas dans la surenchère, il se contente d'appliquer ses formules avec une efficacité certaine.

Alors que Kvist ressemble plus ou moins à un clone de Satyricon période Nemesis Divina (en moins bien produit), Gehenna parvient à à dégager une personnalité plus distincte, malgré la vague ressemblance avec le Dimmu Borgir de 1994/95. Je pense donc que ce First Spell mérite sa place au sein du panthéon des albums de black metal norvégien qui ont concouru à définir le style pour la postérité internationale. Se passer de ce joyau serait un tort.