DEATHSPELL OMEGA Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum

Deathspell Omega - Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum
Noevdia, 2007



Malgré le changement de personnel, Deathspell Omega avait réussi un parcours sans faute jusqu'à Kénôse inclus même si Si Monumentum Requires, Circumspice présentait déjà des signes embarrassants de modernisation. Pour ceux qui débarquent, Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum est l'album consécutif à l'EP Kénôse (sorti en 2005).

Commençons donc par le début. Les écouteurs bien enfoncés dans mes conduits auditifs, j'appuie sur play, et j'attends le début des festivités. Quelques secondes s'écoulent, et toujours rien. Silence. Je vérifie si mon lecteur ne déconne pas: non, il marche très bien, le morceau suit son cours. Je monte le son. J'entends alors un espèce de bruit de fond, assez similaire à ce qu'on appelle "musique d'ambiance" dans les jeux vidéo de zombie. Puis une sorte de chœur féminin hyper-aigu et dissonant. J'ai déjà envie d'appuyer sur avance rapide.

Au bout d'un temps d'attente notable, la musique commence. D'abord sur un rythme lent et lancinant, puis hyper-rapide et effréné. C'est là que les choses se gâtent. Je ne ferai pas trop de commentaires sur les vocaux de Mikko Aspa, qui sont similaires à ce qu'il faisait sur les précédentes œuvres. Je n'aime ni le grain de sa voix ni sa façon de poser les paroles, sans pour autant être particulièrement dérangé par sa voix sur Kénôse, qui contenait au contraire pas mal d'effets intéressants.

C'est plutôt la guitare qui m'ennuie vraiment. En effet, Deathspell Omega est un groupe caractérisé par ses riffs abrasifs, vicieux et obsédants. Rien de tout cela dans Fas- Ite, Maledicti in Ignem Aeternum. Ici, on a droit à une espèce de soupe indigeste de black orthodoxe et de mathcore. Du dissonant en veux-tu en voilà, du quasi techno-death, des pincées d'harmoniques artificielles... Le son de guitare rappelle vaguement Abigor sur Satanized, mais les compos sont beaucoup moins inspirées. Les riffs sonnent plus comme du nu metal un peu énervé.

Certes la batterie est jouée à un rythme infernal et défiant les capacités humaines, mais son potentiel d'agressivité est annihilé par cette impression d'artificialité qui plane sur les morceaux. Le plus mauvais plan de l'album consiste à balancer une intro de bruits de fond, puis à envoyer la sauce metallique tout en maintenant les bruits de fond en arrière-plan et en conclusion. Très mauvaise idée! En fait je n'avais rien entendu d'aussi mauvais en black orthodoxe depuis Salvation de Funeral Mist - c'est dire!

À partir de la troisième chanson, j'ai renoncé à tout espoir d'entendre un passage correct, et je me force à écouter l'album jusqu'au bout pour qu'on ne puisse pas m'accuser de juger sans connaître. L'écoute n'est pas particulièrement pénible, ni mortellement ennuyeuse - juste peu marquante. La formule de l'album repose essentiellement sur le principe du contraste brutal, où le calme s'enchaîne sans transition sur la tempête. Or les seuls passages intéressants sont les passages métalliques posés, où les guitares tissent leurs accords dissonants sur un rythme relativement cool. Cependant, toujours pas de riff ni de mélodie mémorable à l'horizon. La tentative d'instaurer une ambiance dérangeante avec des accords de piano dissonants me laisse complètement de marbre.

Peut-être faut-il un temps d'adaptation pour pouvoir apprécier l'album, comme pour De Vette Cuecken de Lugubrum (je précise que ma comparaison ne porte pas vraiment sur le contenu musical)? Dans ce cas ce sera sans moi: je préfère me rabattre sur les bonnes œuvres du groupe, c'est-à-dire au moins tout ce qu'il a enregistré entre 1999 et 2005.



PS : d’après les extraits d’œuvres récentes que j’ai écoutés, cet album est, en terme de qualité, une exception dans le parcours discographique du groupe. Croire que tout ce qu’il a sorti par la suite depuis est aussi ou plus mauvais serait erroné.