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 Rein - La Cocaïne des Seigneurs

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H.N.
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H.N.


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Date d'inscription : 12/10/2010

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MessageSujet: Rein - La Cocaïne des Seigneurs   Rein - La Cocaïne des Seigneurs EmptyVen 12 Juil - 1:06

Rein - La Cocaïne des Seigneurs
(album 2013, Hassweg Productions)


Commençons par clarifier notre position d'entrée de jeu: cette chronique n'est nullement animée par des intentions affectives. En effet, je ne m'amuse pas (contrairement à certains) à descendre en flammes un album pour régler un compte personnel avec son ou ses auteurs. Dans le sens inverse, je ne me sens pas obligé non plus d'encenser une œuvre sous prétexte que je suis en bons termes avec l'écrivain ou le musicien qui l'a produite. En tant que chroniqueur, je me fixe l'objectivité comme ligne de conduite car cette critique objective est nécessaire pour amener le progrès.

Il se trouve que j'ai été amené à côtoyer les membres de Rein et que j'ai connu leur musique par le biais des relations humaines. Ceci étant dit, les lignes suivantes ne traiteront que de l'objet artistique en tant que tel.

La Cocaïne des Seigneurs, premier album du groupe, vient de sortir en juin, précédé par un extrait diffusé sur Youtube et une démo-cassette sortie 6 mois plus tôt. Cela représente donc un laps de temps plutôt court entre la première démo et le premier album. Laps de temps au cours duquel le groupe a pourtant évolué assez rapidement, passant d'un duo à boîte à rythme à un quintet incluant un véritable batteur et officiant sur scène. Les deux principaux morceaux de la démo ont d'ailleurs été réenregistrés pour figurer sur cet album, dans une version améliorée (forcément, grâce à la prod et au batteur).

Déjà, le titre de cet album m'interpelle par sa prétention et me pousse à m'interroger sur sa signification. S'agit-il d'un album excitant et entraînant une addiction vicieuse, à l'instar de la fameuse poudre blanche? De mon point de vue, pas franchement. S'agit-il d'un hommage aux métalleux toxicos qui "se blanchissent le nez pour Satan"? Pas très adapté à la cible de marché (le public païen/NSBM). S'agit-il d'une auto-glorification élitiste? Un peu déplacée, pour un premier album d'un groupe de débutants (sans connotation négative de ma part: Rein a été formé en 2010).

Au niveau visuel, l'album se présente sous la forme d'un CD sous boîtier transparent, sans autre crédit que la liste des titres, le label, l'ingé son et la photographe. Le livret, presque minimaliste, ne contient que des photos de paysages, avec un extrait des paroles de chaque morceau. L'auteur des paroles a-t-il sélectionné les meilleurs passages, conscient de l'immaturité de ses propres textes? On peut aussi regretter l'emploi d'une police unique blanche, parfois difficilement lisible (notamment sur fond de paysage enneigé).

Politiquement, les titres de chanson laissent planer peu de doutes sur la tendance païenne et nationaliste du groupe, mais l'affiliation au NSBM n'est indiquée par aucun symbole explicite. Le Kolovrat (swastika à 8 branches) qui figurait sur la pochette de la démo a d'ailleurs été retiré du logo.

Passons à la musique. Le style pratiqué ici est le même que sur la démo, en plus organique et moins pompé sur Hate Forest. En gros, du black metal traditionnel à tendance païenne folklorique et nationaliste. La production a été revue à la hausse. Elle est assez léchée, tout en restant très naturelle. La musique du groupe est rendue de façon assez brute: dénuée d'effets spéciaux, la production privilégie la précision. On entend donc tous les instruments et éléments correctement, à leur juste niveau, mais chaque élément reste au même niveau tout au long de l'album (ce qui fait que la guitare rythmique n'est pas assez forte sur le début du "Front des Damnés").

Le son de guitare, bien qu'il marque un net progrès par rapport à la démo, me laisse un peu perplexe. Il manque de profondeur et de dynamique organique. En premier plan, une tonalité folk metal assez commune et répandue dans la scène d'Europe de l'Est. En arrière-plan, le sempiternel et inévitable souffle de la disto à haut gain. Dommage que le son de guitare soit si banal et juste un degré au-dessus de la mention passable.

Le black metal de Rein s'articule sur le duo d'une guitare rythmique et d'une guitare soliste. Cette formule est malheureusement trop rigide et fait rentrer les compos dans le moule d'un schéma prévisible, dans lequel chacun doit jouer sa partie, au détriment des riffs. En effet, l'album manque de riffs réellement marquants et inoubliables. Les mélodies restent en tête, mais sans provoquer de grandes émotions. Aucun riff n'est particulièrement mauvais, mais aucun riff n'est particulièrement génial ou extraordinaire non plus. L'introduction de "Des Races et des Dieux" est pour moi le meilleur moment de l'album, même s'il rappelle pas mal Graveland à mi-période.

La structure des morceaux souffre d'ailleurs de la même rigidité que la scène polonaise des années 90 (le génie du riff et les synthés en moins): le groupe balance un thème, puis le suivant, puis un autre, puis revient au départ et c'est reparti. Du coup, les compos traînent en longueur et ennuient l'auditeur sur la durée (à quoi sert d'écouter un morceau de plus de 6 minutes jusqu'au bout, quand on a déjà entendu tous les riffs à la moitié du morceau?). Exemple le plus flagrant: le refrain du morceau éponyme devient crispant dès sa reprise.

La boîte à rythme était tellement peu réaliste sur la démo (constituant le défaut principal de cette dernière, en plus de la production numérique) que le batteur a été obligé de réviser les ambitions rythmiques à la baisse. Le tempo des blastbeats est à peu près divisé par deux et les parties de double pédale à 400 quadruples croches par minute laissent place à des rythmes rock classiques. Je note aussi que lors des blasts, le batteur ne joue qu'un seul coup de grosse caisse sur deux (technique d'économie d'énergie physique); pourtant les blasts plafonnent à un tempo assez raisonnable et sont régulièrement entrecoupés de ralentissements. Le jeu du batteur de façon générale est assez carré et précis, mais trop répétitif et manquant d'inventivité à mon goût. Les fills notamment semblent presque copiés-collés. Il y a aussi un passage de la chanson "Hrun" où je trouve son jeu pas très synchro avec les guitares, même s'il essaye de sortir de la monotonie. Dans l'ensemble, sa prestation est plutôt réussie d'un point de vue technique, mais d'un point de vue artistique, elle manque - à l'instar des guitares - de personnalité.

Comme la batterie acoustique, le chant est un élément marquant de l'évolution du groupe. Plus aigu, plus traditionnel, moins dispersé entre vocaux alternés graves/aigus qui rappellent les heures les plus merdiques du death-grind. Il faut noter que les paroles sont intégralement écrites en français; or le chant black en français présente parfois un aspect incongru qui confine au ridicule. Cet écueil est habilement évité dans La Cocaïne des Seigneurs: les paroles sonnent moins ridicules sur le disque que sur le papier. Sans être exceptionnelle, la prestation du chanteur principal se situe dans la moyenne haute. En revanche, les vocaux additionnels scandés façon slogan de manif n'apportent pas grand chose.

Autre défaut de l'album: l'introduction et la conclusion. L'intro "Frenatae", constituée de vocaux chantés féminins, s'enchaîne assez mal avec le premier morceau éponyme, dont le volume semble inférieur. Enfin la conclusion "Procession" est un horrible navet néo-folk, lors duquel le chanteur déclame sur un ton sentencieux et pompeux sa prose maladroite sur fond de mélodie médiocre jouée au synthé. Le résultat sonne comme si Goldofaf faisait une reprise francisée de "Sno og Granskog" (Darkthrone).

Finalement, La Cocaïne des Seigneurs s'en sort plutôt bien pour un premier album; certes il en comporte certains défauts typiques, mais il montre aussi un potentiel assez prometteur (toutefois limité par les défauts cités ci-dessus). Loin d'être indispensable, mais loin d'être mauvais. Cet album n'est pas le chef d'œuvre de l'année, mais il peut fournir une musique de fond sympathique.

Meilleur morceau (sans surprise): "Au Chevet de l'Europe"
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