Il était une fois dans l'Oued
Djamel Bensalah
2005
Sans aucune lecture politique, le film est nul:
- comédie pas drôle, lourdingue, caricaturale
- mauvaise gestion de la chronologie (l'histoire est censée se passer en 1988, avec un sous-titre pour seule indication)
- Julien Courbey est un très mauvais acteur, très excessif, très cabotin, crédible à aucun moment ; il est aussi nul que Lorant Deutsch dans Le ciel, les oiseaux et ta mère.
- le scénario en carton n'a pas plus de consistance que l'enchaînement de bouffonneries dont il sert de prétexte.
Caractéristique du film commercial à gros budget, on dénote la présence de VIP inutiles comme Elie Semoun, Eric et Ramzy, dont la (courte et médiocre) prestation confine au featuring.
Les Français de cité sont présentés comme des grenouilles de bénitier racistes et mangeurs de choucroute. Les Algériens sont présentés comme des gens malhonnêtes qui ne savent que trafiquer, mentir et voler de l'argent à leurs parents. Bensalah caricature sa propre communauté malgré lui, car les images tournées en Algérie montrent l'attachement qu'il porte à ce pays.
En fait, l'idée de bâtir une comédie sur le personnage d'un jeune Blanc de cité qui se prend pour un Maghrébin est très bonne, mais Courbey est aussi peu crédible et mauvais comédien que la quasi-totalité des acteurs. Le scénario complètement loufoque et décousu n'assume même pas ce choix, puisqu'il semble toutefois avoir une vocation sérieuse et même prétendre à un message. On a donc affaire ici à un sacré nanard, dont on peut se délecter au second degré, et dont on peut spéculer sur les intentions véritables du réalisateur.
Nanard car le film n'est pas seulement raté, il est ridicule malgré lui.
En effet, le film se targue sans le moindre souci de cohésion de donner des leçons de morale, je pense par exemple à la scène où l'on voit des Juifs en kippa. En somme, le spectateur est pris pour un gamin de 6 ans, et effectivement il n'y a que des gamins de 6 ans qui peuvent rire sincèrement devant des gags aussi grossiers (LOL la choucroute, LOL la circoncision, LOL la chorba, LOL il veut carotte son père, etc).
Il n'y a aucun travail de fond derrière ce film:
- aucune psychologie des personnages
- aucun travail d'acteur
- aucune vraisemblance chronologique
- aucune cohésion scénaristique
- aucun gag vraiment drôle à part au second degré avec une lecture politique
On part juste d'une idée (qui aurait pu être marrante, mais tombe par terre tant elle est traitée de façon débile et caricaturale) pour broder tout un film bancal, avec une intrigue personnelle (le fantasme des origines de "Johnny"), une intrigue sentimentale (les deux histoires d'amour de "Johnny" et du fils franco-algérien) et une intrigue simili-policière (l'histoire du deal). Toutes les trois sont tellement bâclées qu'on arrête rapidement de les suivre et qu'on se concentre uniquement sur l'analyse au second degré de la pensée profonde du réalisateur.
D'ailleurs le film est-il vraiment une comédie? Le passage dans le désert vise carrément à tirer des larmes au spectateur ; même le choix du genre n'est pas assumé jusqu'au bout.
Djamel Bensalah nous avait déjà gâtés avec son nullissime Le ciel, les oiseaux et ta mère. On prend (presque) les mêmes pour Il était une fois dans l'Oued et on recommence. Pourtant Bensalah est parfaitement capable de tourner une comédie décente qui arrive à faire rire malgré ses clichés et ses caricatures: Neuilly sa mère.
En conclusion je tiens à remercier Bensalah de continuer à entretenir la flamme bien franchouillarde de la comédie ethnique, dans la droite et glorieuse lignée d'Alexandre Arcady et de Luc Besson.
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