Rock Anti Capitaliste
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 Tarantino s'est soumis au politiquement correct

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H.N.
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H.N.


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Date d'inscription : 12/10/2010

Tarantino s'est soumis au politiquement correct Empty
MessageSujet: Tarantino s'est soumis au politiquement correct   Tarantino s'est soumis au politiquement correct EmptyLun 19 Nov - 6:10

Quel adolescent n'a pas exulté en se repassant en boucle les scènes de fusillade et les répliques pleines de "fucking" machin "fuck" truc de Reservoir Dogs et de Pulp Fiction? Je fais partie de cette génération qui a grandi avec ces deux films-cultes. J'ai été bercé par leur humour noir, leur cynisme, leur violence froide, mais aussi par le rock'n'roll rétro de la bande-son. Je prends toujours du plaisir à les revoir parce que ce sont des films géniaux et qu'ils expriment une ambiance propre aux années 90, un contexte où une éthique de la survie - qui présente le gangster comme un héros et dédramatise la violence pour exalter les plaisirs simples de la vie - se substituait aux valeurs puritaines hollywoodiennes, qui bannissent l'argot, les insultes à caractère sexuel ou racial, les scènes d'usage de drogue ou de torture physique.

En somme, Pulp Fiction et Reservoir Dogs étaient subversifs comparés à MTV qui bippe les mots grossiers ou aux films patriotiques multiculturalistes à la Independence Day. Ils représentaient une bouffée d'air frais dans l'industrie du cinéma. Quand j'ai vu ces films, ils reflétaient la rage adolescente de mes 15 ans. Quand je les revois 10 ou 15 ans plus tard, je souris encore et je frissonne de nostalgie. Répliques classiques, scénarios béton, scènes d'anthologie, personnages charismatiques, bref tout un folklore. Comment oublier la scène de l'oreille? Ou celle de l'overdose? Les Mr Blonde, Mr Pink, le fameux "Z"... Même en connaissant ces films presque par cœur, je prends toujours autant de plaisir à les revoir. Avec l'âge, mon regard change sur tel personnage ou telle situation, qui m'inspirent de l'empathie. Répétons-le, ce sont deux films générationnels, à l'instar d'un Orange Mécanique.

Par la suite Quentin Tarantino a voulu s'essayer à 3 genres différents du film de gangster:
- la blaxploitation avec Jackie Brown
- le manga avec Kill Bill
- la fiction historique avec Inglourious Basterds

La déception s'était déjà amorcée avec Jackie Brown, dont le personnage principal est une femme noire. Le film gardait à peu près la formule et les éléments de Reservoir Dogs et de Pulp Fiction, mais accrochait beaucoup moins. Je ne m'en souviens pas assez en détails pour le critiquer ici, tout ce que je peux dire c'est que le premier visionnage m'avait fortement déçu. Manque de pêche, de moments-cultes, et surtout, manque de charisme et de crédibilité de la part de l'héroïne. D'ailleurs pourquoi ce choix d'une femme noire gangster? Pulp Fiction concédait déjà largement au politiquement correct avec le personnage de Marsellus Wallace, sans pour autant y perdre de son âme, car les personnages restaient relativement réalistes. Avec Jackie Brown, on n'y croit plus du tout. Du coup, plus d'empathie. Du coup le film est beaucoup moins intéressant.

Trêve de dissertations. Avec les films suivants, on observe dans le choix du héros une gradation dans l'absurdité et l'invraisembabilité. D'abord l'héroïne gangster noire. Ensuite l'héroïne tueuse qui manie le sabre comme un expert samouraï en sortant d'un coma de 4 ans. Enfin les héros juifs "anti-nazis" qui commettent leurs faits d'armes dans la France occupée. À qui le réalisateur adresse-t-il des clins d'œil en choisissant de tels héros? Quelle logique se cache-t-elle derrière la vision du monde de ses films? Avec le recul, quel type de coolitude manichéenne veut-il transmettre au spectateur, quelle grille de lecture du Bien et du Mal? La réponse semble évidente: le Bien c'est les femmes, les Noirs et les Juifs. Le Mal c'est les nazis, les machos et les violeurs.

Merde alors... On est en plein dans les valeurs puritaines hollywoodiennes dont s'affranchissaient justement Reservoir Dogs et Pulp Fiction, ce qui faisait tout leur charme. Que s'est-il passé dans la petite tête de Tarantino? S'est-il dit: "pour me faire pardonner de tous les "niggers" prononcés dans mes films, je vais mettre une héroïne noire. Pour me faire pardonner les innombrables allusions racistes des dialogues, je vais faire un film anti-nazi. Pour me faire pardonner d'avoir relégué les femmes au rôle d'une pute junkie tentée par l'adultère, je vais faire un double film féministe et entièrement centré sur un personnage féminin dominant"...? Se pourrait-il que la cause de toutes ces trames foireuses soit aussi triviale que ça? Tarantino a-t-il simplement baissé son froc face aux exigences du politiquement correct?

On peut analyser Kill Bill et Inglourious Basterds en détails et séparément, bien qu'ils aient comme trame de base commune la vengeance d'un personnage féminin. Il y a dans ces deux films un déclin à la fois en termes d'éthique, d'idéologie, de logique et de divertissement. Pourtant entendons-nous bien, je n'ai rien à leur reprocher du point de vue de la réalisation technique.



Commençons par Kill Bill. Déjà l'héroïne n'est pas crédible, et cela handicape le film dès le début. Prendre la même actrice pour jouer le rôle de la petite amie cocaïnée du boss de la mafia locale, puis celui d'une tueuse experte du sabre et des arts martiaux assoiffée de vengeance relève soit de la stupidité profonde, soit de la complaisance la plus putassière avec un certain public friand de scènes de petite culotte. C'est à peu près aussi logique que de laisser la raie des fesses de Sigourney Weaver dépasser de son slip après l'avoir présentée comme une survivante aguerrie et intrépide dans Alien. En tout cas cela relève du même calcul commercial: primo, arrondir les angles d'un film sombre/violent/dur pour plaire à un public plus large; secundo, faire bander les spectateurs pour les pousser à récidiver l'achat. Pour revenir à Kill Bill, c'est la même chose: tu as bandé devant Uma Thurman dans Pulp Fiction? Tu vas bander pendant tout le film dans Kill Bill!

Cependant le choix désastreux de l'héroïne n'est qu'une petite épine dans le pied comparée à l'avalanche de daubes, de "putain mais c'est quoi ce délire" et autres moments de grand n'importe quoi qui attendent le spectateur. La liste est longue et je ne peux guère m'attarder, mais je vais tâcher de tout énumérer. Sans dire qu'ils jouent mal, les acteurs ne sont pas convaincants. Est-ce parce que les rôles sont grotesques, ou parce que les dialogues sont nullissimes, ridicules mais même pas drôles? Sous couvert d'expérimentation, le film part tellement dans tous les sens qu'on ne recherche même plus de crédibilité. Le suspense est globalement raté car il ne peut pas fonctionner dans un tel bordel d'idées (toutes plus mauvaises, pathétiques et soumises à la mode les unes que les autres). Le côté décalé/humour noir de la touche Tarantino est remplacé par un humour féminin tout droit sorti de Sex & the City. Humour fondé sur l'absurdité des situations, mais très vite lassant car l'absurdité est la norme du film (donc exit le décalage). L'ambiance typiquement américaine est remplacée par un mélange très indigeste de manga japonais, de western, de sitcom féminin new-yorkais (l'actrice asiatique de Sex & the City), avec je suppose une influence du genre rape & revenge pour la thématique principale... À savoir grosso modo la vengeance d'une femme seule et privée de son bébé contre son ex-mari et sa clique de tueuses.

On retrouve donc comme thèmes, bingo! Le divorce. La fausse couche. La maternité. Le sang qui rappelle les règles. Un substitut de phallus (le sabre). La punition (maternelle). Le viol. Soit tous les sujets qui alimentent depuis des lustres la presse féminine. Il ne manque plus qu'un seul ingrédient au cocktail: les pages de publicité. Or justement, la majeure partie des scènes sont tournées, en termes de dialogues, d'action et de décors, comme des publicités: même rythme chorégraphié, mêmes jeux de lumière, mêmes décors caricaturaux et pré-mâchés (flocons de neige en polystirène), mêmes costumes-déguisements, mêmes répliques-slogans censés rester indélébiles dans le cerveau du consommateur. La bande-son est horrible, incohérente, est-ce fait exprès? Dans le fond, le but est d'épuiser le spectateur pour mieux conquérir son cerveau, alors oui ça marche. Tout est spectaculaire, superficiel, artificiel. Tout est féminisé. Du Tarantino pour les filles?

Et si c'était vraiment le cas? On prend les ingrédients de Pulp Fiction et Reservoir Dogs (violence, hémoglobine, règlements de compte, humour décalé, armes). On les aseptise et on les adapte pour plaire à un public féminin: les combats sont livrés en dansant, le sang gicle comme un pommeau de douche, les personnages de premier plan sont des femmes féminines à la fois dans leur apparence et dans leur comportement, on rajoute des bruitages de cartoon à n'importe quelle occasion pour détendre l'atmosphère... Quoi, ça colle pas? Mais si, ça colle, car justement les femmes s'en foutent de la cohérence, elles ne recherchent pas de la profondeur et de la rationalité, mais du spectacle et du divertissement.

Du point de vue d'une femme, c'est d'ailleurs sûrement un film très divertissant. Mais de mon point de vue d'homme, c'est un film très chiant, exaspérant, avec des grosses longueurs, dont je ne parviens à rire qu'avec une forte dose de recul et de second degré, tout en me demandant qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête de Tarantino pour pondre une daube pareille, ou quels produits ont bien pu passer dans son sang.

Malheureusement je pourrais passer le restant de ma nuit à disserter sur le curieux phénomène de fascination presque masochiste qui me pousse à regarder un tel film en entier et à trouver du plaisir dans le dénigrement de ce que je regarde. Kill Bill reste quand-même un film de merde que je regarde uniquement pour pouvoir le descendre en flammes dans une critique. D'un point de vue objectif, c'est vraiment le genre de film cinéphile dans le mauvais sens du terme, c'est-à-dire centré sur lui-même, négligent vis-à-vis de l'histoire qu'il raconte, démonstratif, sensationnaliste, faussement artistique, faussement innovant (le passage manga est abominable, insupportable)...



Passons à Inglourious Basterds. Ce film est meilleur que Kill Bill, ce qui est peut-être pire. Si Kill Bill c'est du grand n'importe quoi autant dans la forme que dans le contenu, la forme d'Inglourious Basterds est irréprochable - c'est le message qui est grave.

Alors oui sur la forme Inglourious Basterds est un bon film. Dans chaque chapitre, la montée du suspense est relativement bien gérée, les acteurs sont excellents et crédibles dans leur rôle, les tenues et décors d'époque sont adéquats, bref à première vue on se croit réellement en pleine Seconde Guerre mondiale - jusqu'à l'arrivée de Hitler et de Goebbels. Là on se dit: c'est quoi, une parodie? Mais les autres éléments paraissent sérieux. Dès lors il me paraît difficile de poursuivre ma critique du film sans dénoncer le parti-pris idéologique du réalisateur. En effet, pourquoi rechercher et obtenir la véracité historique des lieux, faits, personnages et situations si on fait une fiction historique, une uchronie qui réécrit le déroulement des évènements? Le but n'est nullement de faire une espèce d'hypothèse de type "et si les Allemands avaient perdu la guerre en 1943", non puisque le film est axé sur la vengeance d'un des personnages principaux - une Juive française rescapée de la Gestapo - et qu'il s'achève sur l'accomplissement de cette vengeance.

On va me rétorquer que cette vengeance est juste une thématique favorite de Tarantino, qu'elle épouse ici le schéma pré-défini des gentils Alliés américains/juifs contre les méchants Allemands "nazis"-"collabos" - or c'est déjà un schéma idéologique très marqué, mais passons. On va me rétorquer que la violence gratuite, la cruauté faisaient déjà partie de la touche de Tarantino, oui mais là cette violence et cette cruauté sont idéologisées. Alors de deux choses l'une: soit Tarantino est réellement un féministe anti-nazi qui se sert de ses films pour transmettre ses idées politiques, soit il a juste choisi un schéma idéologique pré-conçu conformément aux canons du politiquement correct, et dans ce cas c'est vraiment une grosse pute et il n'a plus rien de subversif.

Mais poursuivons. La bande-son d'Inglourious Basterds est loin d'être un énorme ratage comme celle de Kill Bill. Elle a aussi une dimension hollywoodienne, avec une montée en puissance pendant les passages tendus, des gadgets sonores pour marquer certains détails, mais elle est relativement efficace. Les dialogues aussi sont assez efficaces, même s'ils suivent toujours un schéma identique d'interrogatoire et de pression implicite. En fait Inglourious Basterds est un film assez irréprochable sur la forme (réalisation technique), mais franchement répugnant sur le fond.

Que les choses soient claires: je ne reproche pas au film de faire de la propagande américaine. Il Faut Sauver Le Soldat Ryan était un film patriotique très partial, avec de grosses louches d'émotion, mais très efficace. Inglourious Basterds mélange indigestement l'émotion de la Juive qui échappe au massacre de sa famille (comme par hasard, l'actrice qui joue l'héroïne de La Rafle) à la cruauté des soldats juifs américains envers les Allemands. Ni la première ni les seconds ne sont crédibles d'un point de vue psychologique. Une Juive qui cherche à se venger? Je sais que c'est une fiction, mais une Juive aurait plutôt fait profil bas pour survivre. Quant aux soldats juifs, c'est un mythe créé de toute pièce par le film, et qui va certainement convaincre les naïfs grâce à l'emballage des uniformes, des décors et des détails d'époque. L'histoire d'amour entre la Juive gérante de cinéma et le projectionniste noir est également complètement invraisemblable et directement issue de la mythologie antiraciste.

On croirait presque voir un film de commande passé par la LDJ, ou par une faction extrémiste de la communauté juive qui rêve de vengeance et de refaire l'Histoire plus de 70 ans après. Ce type de scénario, très comique dans un franchouillard et bancal Le Grand Pardon 2, est juste insupportable quand on le colle sur un film de cette trempe. Le succès d'un film idéologique tient à sa subtilité qui lui permet de convertir les impies. Or le message d'Inglourious Basterds est tellement haineux qu'il se tire une balle dans le pied. En même temps ce n'est pas un film auto-caricatural, puisque les seuls éléments parodiques affublent des personnages allemands. De plus, le film cherche à la fois à ridiculiser les méchants Allemands "nazis"-"collabos" et à les décridibiliser d'un point de vue moral, ce qui est complètement incompatible avec le cynisme affiché des héros.

Une propagande de prêt-à-penser, qui lave les cerveaux par la manipulation facile et mensongère au lieu de les convertir par le prêche honnête, voilà à quoi je résumerais Inglourious Basterds. Une propagande en l'honneur du métissage, du féminisme et de la toute-puissance du lobby juif, qui à la fois utilise les pires méthodes pour triompher, mais punit ceux qui collaborent avec lui par intérêt personnel. Au moins, s'il est logique avec lui-même, Tarantino sait ce qui l'attend en regardant la fin de son film de putain de showbiz.

Jusqu'où va-t-il descendre dans la putasserie? Va-t-il nous pondre une crotte sur le miliey gay, sur la condition lesbienne, sur la traite négrière? Prenez vos paris...
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H.N.
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MessageSujet: Re: Tarantino s'est soumis au politiquement correct   Tarantino s'est soumis au politiquement correct EmptySam 23 Fév - 2:14

En fait, je ne croyais pas si bien dire: en lisant le synopsis de son dernier film Django Unchained, il semblerait que l'option "traite négrière" ait été retenue pour le scénario, qui implique un esclave noir dans le sud des États-Unis, juste avant la guerre de Sécession. J'aurais vraiment dû parier du fric...

Quand le totalitarisme du prêt-à-penser devient prévisible à ce point, c'est que le système est en train de se fissurer.
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Tarantino s'est soumis au politiquement correct
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